Par Bruno
Un Islay non tourbé, oui c'est possible, grâce à cette distillerie fondée en 1881, qui a survécu aux successions de crises (ce qui n'est pas si fréquent), et qui a échappée au pire. Tombée dans l'escarcelle d'Edrington en 1999 et mise en sommeil, Edrington (qui a lancé le projet Macallan n° 2 et poussé Highland Park a sortir des releases improbables mais fort chères) a revendu Bunna à Burn Stewart Distillers en 2003, et Distell Group Ltd, une compagnie d'Afrique du sud (qui possède en Ecosse Deanston et Tobermory) a racheté Burn Stewart Distillers en 2013.
Curieusement pas très connue, ou dédaignée, elle a longtemps servie à alimenter les blenders (et le blend Black Bottle qui a été inclus dans le deal de 2003). Elle produisait un whisky tourbé jusque dans les années 1960, mais cette production fut arrêtée car non utile pour les blends. Cela étant ils (re)-produisent aussi des jus tourbés : Moire (un 6 ans d'âge), Toiteach (10 ans d'âge), Darach Ur, Ceobanach ... Les entrepôts de Bunna servent aussi à stocker les Ledaig (après un passage par Deanston, mais bon : le whisky et l'écologie c’est pas top).
Il s'agit ici du Bunnahabhain XVIII, couleur naturelle, sans filtration à froid, embouteillé à 46.3% abv (attention d'anciennes versions à 43% abv existent toujours). Un 18 ans d'age, donc, à un prix très élégant pour cette catégorie et cette qualité. Mais, chut, ne donnons pas de mauvaises idées au marketing.
Bunnahabhain (prononciation : bunna-ha-ven) en gaélique d'Isaly signifie embouchure de la rivière, ici la rivière Margadale, sur le détroit qui sépare Islay de Jura (sound of Islay), à côté de Port Askaig, d'où le marin sur la bouteille.
Le flacon est brun foncé et quasi opaque. Par contre le bouchon semble faiblard. (google : bunnahabhain cork, confirme qu’il l’est, faiblard).
Bouteille remplie aux 2/3, ouverte depuis un mois. Ajout de trois (3) gouttes d'eau dans le dram.
Nez : Le nez évolue constamment. Il est marqué (comme la bouche et la finale) en arrière plan d'un excellent sherry et de chêne mais discrètement. Très nettement une sellerie de centre équestre avec la sueur des chevaux. Je dirais sellerie de cuir et embruns marins pour rester dans le vocabulaire d'une roue des arômes. Du marc de thé en toile de fond. Un soupçon de colle. Des pommes cuites, des fruits secs.
Bouche : La bouche est tapissante. Sèche mais douce. Boîte à cigares. Du miel, des fruits à coque, du caramel salé, tout cela sous tendu par le sherry. C'est très équilibré et très rond. Et très bon.
Finale : La finale est longue et fait songer à un pudding de biscuits au gingembre trempé dans le sherry.
Commentaires : Un excellent whisky qui nécessite de la patience (ouverture), du temps pour l'apprécier à sa juste valeur, et quelques gouttes d'eau. Tout en finesse, très équilibré, du sherry mais certainement pas un sherry bomb, il est délicat ! Quand est-ce donc que la SWA comprendra que l'ajout de caramel devrait être interdit, ou rendre obligatoire (comme en Allemagne) la mention de cet ajout sur l'étiquette ? Même remarque pour la filtration à froid. Au moins pour les single malt. Steuplé Mister SWA. Please do.
Et pendant que j'y suis : Could the guy-girl-robot in charge of quality process look at the plugs/corks issue ? Please. Or I will tooite how bad the corks are !
Note : hautement recommandable (exceptionnel en prenant en compte son prix et le marché actuel).
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